Chargement de la page
Logo de D.E.S is it, association de patients victimes du diéthylstilbestrol
Des cas de dysphories de genre après exposition prénatale au diéthylstilbestrol (DES, Distilbène, Stilbestrol-Borne)

Des cas de dysphorie de genre après exposition prénatale au diéthylstilbestrol (DES)

Rapide historique du diéthylstilbestrol

Plus connu dans le monde sous son abréviation D.E.S., et en France sous son principal nom commercial Distilbène® (cf. Une monumentale erreur médicale : les enfants du Distilbène1Le Distilbène, l'hormone par qui le scandale arrive2), le diéthylstilbestrol est un œstrogène de synthèse, autrement dit une hormone sexuelle artificielle, qui a été commercialisé dans les années 1950 dans de nombreux pays, par différents laboratoires pharmaceutiques (UCB Pharma, M. Borne, Eli Lilly...), et sous différents noms.

En France, le D.E.S. a été commercialisé sous les marques de médicaments Distilbène® (essentiellement), Stilboestrol-Borne® et Furostilboestrol® (forme retard).

 

Présenté comme un « médicament miracle », il a notamment été ordonné aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches, les naissances prématurées et le diabète gestationnel. (Du fait de sa nature abortive, il sera plus tard prescrit comme contraceptif post-coïtal, autrement dit : comme pilule du lendemain...)

À cette époque, les médecins étaient convaincus que la chute du taux de certaines hormones (œstrogènes et progestérone) observée lors d'une fausse-couche était responsable de cette dernière, confondant ainsi les effets avec la cause.

Grâce à une étude de W.J Dieckmann, on a su dès 1953 que ce traitement était inefficace chez la femme enceinte pour toutes ses indications3. Malgré cela, la commercialisation et les prescriptions de D.E.S. se sont poursuivies.

Le D.E.S. a été prescrit en France dans de nombreuses autres indications, telles que l'acné, l'aménorrhée, la dysménorrhée... À l'étranger, il a notamment été prescrit pour inhiber la croissance des filles qui risquaient de devenir « trop grandes » ou encore pour tarir le lait maternel des jeunes femmes qui s'étaient injustement vues retirer leur enfant par les services sociaux anglais — une histoire à dormir debout... et pourtant !

Retrouvez la liste complète des indications du DES sur notre page Qu’est-ce que le D.E.S ?.

 

Se vendant au marché noir, des transsexuels, c'est-à-dire des hommes ayant le sentiment de ne pas appartenir à leur sexe biologique mais à celui opposé, ont pu se procurer et consommer à l'époque du Distilbène® sans aucun contrôle médical, dans le but de développer les caractères sexuels secondaires appartenant normalement à la femme, en accompagnement d'une opération dite de « changement de sexe » ; c'est le cas, par exemple, des artistes de cabaret Marie-Pierre Pruvot, alias Bambi et Jacqueline-Charlotte Dufresnoy, alias Coccinelle4

 

Quand l'Homme a créé le progrès, bah le progrès s'est arrêté.

Lucio Bukowski, #yolo

 

En 19705 et 19716, A.L Herbst, un médecin et chercheur américain, publie deux études qui révèlent une incidence accrue d’un type de cancer très rare chez des jeunes filles exposées in utero à la molécule : l’adénocarcinome à cellules claires (ACC) du vagin ou du col de l’utérus.

Pour plus d'informations, nous vous invitions à lire "Qu’est-ce que l’adénocarcinome à cellules claires ?".

Suite à ces études, la FDA (Food and Drug Administration) publie un bulletin d’alerte indiquant que le DES est désormais contre-indiqué chez la femme enceinte.

En France, il faudra attendre 1976 pour que le Ministère français de la Santé ne supprime l'indication « menace d'avortement » du dictionnaire Vidal, et 1977 pour que l'Agence française du médicament ne publie une note stipulant que les notices des fabricants doivent désormais signaler que le diéthylstilbestrol est contre-indiqué chez la femme enceinte – causant ainsi des milliers de victimes supplémentaires…

Retrouvez la chronologie complète des faits sur notre page Chronologie du DES.

 

De l'usage actuel du Distilbène en France

Aujourd'hui, le médicament Distilbène® est uniquement prescrit dans le cadre du cancer de la prostate. Le cancer de la prostate est un cancer dit hormonodépendant, car sensible aux hormones sexuelles (oestrogènes et androgènes). Ainsi, selon l'étendue du cancer, l'hormonothérapie constitue le traitement de référence, parfois associée à une chimiothérapie.

Parmi ces traitements médicamenteux à base d'hormones, l'on retrouve les oestrogènes de synthèse, en l'occurrence du Distilbène®. L'objectif étant ici de saturer les récepteurs aux oestrogènes. À ce propos, en plus d'être mal toléré, le Distilbène® n’apporte pas d’amélioration significative dans la prise en charge du cancer de la prostate7.

Un autre type d'hormonothérapie consiste en l'administration d'"anti-androgènes" de synthèse, tel que le finastéride, qui est un inhibiteur de la 5-alpha-réductase (une enzyme). Concrètement, il empêche la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT). La dihydrotestostérone est une hormone androgène qui favorise l’hyperplasie de la prostate, mais aussi la chute des cheveux.

 

Mécanismes d'action de la testostérone dans le circuit neuronal impliqué dans l'expression du comportement sexuel mâle. A. La testostérone peut agir directement ou indirectement via son métabolite, la 5-α-dihydrotestostérone, après conversion par la 5-α-réductase. B. La testostérone peut être également métabolisée in situ en estradiol par le cytochrome P450 aromatase. Testostérone et 5-α-dihydrotestostérone activent le récepteur des androgènes (AR), alors que l'estradiol stimule les récepteurs des estrogènes ERα et ERβ. Ces trois récepteurs activent ou répriment la transcription de gènes cibles
Fig. Mécanismes d'action de la testostérone dans le circuit neuronal impliqué dans l'expression du comportement sexuel mâle.
A. La testostérone peut agir directement ou indirectement via son métabolite, la 5-α-dihydrotestostérone, après conversion par la 5-α-réductase.
B. La testostérone peut être également métabolisée in situ en estradiol par le cytochrome P450 aromatase. Testostérone et 5-α-dihydrotestostérone activent le récepteur des androgènes (AR), alors que l'estradiol stimule les récepteurs des estrogènes ERα et ERβ. Ces trois récepteurs activent ou répriment la transcription de gènes cibles.

 

Le finastéride (en plus faible dose) est également utilisé dans le cadre des transitions "femme vers homme" en prévention de l'alopécie androgéno-dépendante (une forme de calvitie). Ces femmes sont en effet supplémentées (hors AMM) en testostérone, qui est susceptible de se convertir en dihydrotestostérone et donc provoquer une perte de cheveux.

Si ce sont des hormones féminisantes qui sont cette fois prescrites (hors AMM également) aux personnes effectuant une transition "homme vers femme", ces dernières sont aussi susceptibles de prendre du finastéride, toujours pour contrecarrer les effets visibles des androgènes, telle que la calvitie. Androgènes que, à moins d'une anomalie génétique, d'une maladie ou d'une castration, elles produisent naturellement en grande quantité, étant biologiquement des hommes.

Le Distilbène n'est officiellement préconisé pour aucune autre pathologie en France. Le cancer de la prostate est donc sa seule indication8.

 

De l'exposition au syndrome diéthylstilbestrol

Le diéthylstilbestrol est à l'origine de nombreux troubles et pathologies chez les personnes exposées dans l'utérus maternel (la seconde génération de victimes), mais aussi chez les enfants de ces enfants (la troisième génération)9.

Ces troubles et pathologies sont dits iatrogènes, puisque provoqués par l'acte médical — en l'espèce l'administration du médicament, et ont donc été créés de toute pièce.

Ils ont donné lieu à la définition d'une maladie rare « le Syndrome diethylstilbestrol » mais, comme il n'existe pas de Centre de référence associé, aucun Protocole National de diagnostic et de soins (PNDS), il est actuellement impossible pour un malade de se faire diagnostiquer.

Orphanet, le portail d'information de référence sur les maladies rares et les médicaments orphelins, définit le syndrome diéthylstilbestrol comme "un syndrome malformatif survenant chez les descendants (enfants et petits-enfants) de femmes exposées au DES au cours de leur grossesse. Il se caractérise par des malformations de l'appareil reproducteur, une diminution de la fertilité et un risque accru pour les jeunes femmes de développer un carcinome à cellules claires du vagin et du col de l'utérus. Les anomalies génitales rapportées incluent un utérus hypoplasique en forme de T et d'autres anomalies utéro-tubaires augmentant le risque de fausses couches chez les femmes, ainsi que des kystes de l'épididyme, un micropénis, une cryptorchidie ou une hypoplasie testiculaire chez les hommes.".

... mais voilà : depuis la définition du syndrome diéthylstilbestrol, des études scientifiques ont révélé des conséquences bien plus étendues qui justifieraient son actualisation, tels que l'endométriose chez les femmes exposées in utero et les femmes issues de ces dernières, ou le Trouble du Déficit d’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) chez la troisième génération de patients (femmes et hommes).

En France, 200 000 femmes auraient reçu du diéthylstilbestrol, et 160 000 enfants seraient nés de ces grossesses. L’estimation initiale ayant été réalisée grâce aux répertoires de ventes des laboratoires, sans aucune autre source de vérification, ni actualisation, ni évaluation de la troisième et quatrième génération de patients, leur dénombrement est impossible.

Dans la mesure où il n'existe aucun registre de malades, la prévalence de la maladie est, sans surprise, inconnue.

Depuis tout ce temps, les malades sont donc livrés à eux-mêmes, abandonnés à leur triste sort par les autorités compétentes — qui ne le sont, à l'évidence, pas.

Ainsi, les "victimes du Distilbène" — selon la formule consacrée, sont aussi victimes d’invisibilisation médicale et administrative.

 

Les mots peuvent être comme de minuscules doses d'arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu'après quelque temps l'effet toxique se fait sentir.

Victor Klemperer , LTI, la langue du troisième Reich

 

Ajoutons à cela que l'on évoque généralement seulement le principal nom commercial de ce médicament, soit le Distilbène® (dédouanant au passage à chaque fois le Laboratoire M. Borne et son Stilboestrol-Borne®), ce qui occulte complètement les pathologies que l'exposition au poison qu'est le diéthylstilbestrol a engendrées.

En effet, les personnes exposées in utero au diéthylstilbestrol sont couramment surnommées "Les enfants du Distilbène" ; ainsi, les "filles Distilbène" et les "fils Distilbène" sont respectivement des femmes et des hommes dont la mère a reçu un médicament contenant du diéthylstilbestrol au cours de la grossesse ; les "petites-filles Distilbène" et les "petits-fils Distilbène" sont les enfants de ces patients exposés.

Cela ne se fera pas d'un coup de baguette magique, car les habitudes sont parfois plus difficiles à briser qu'un sort, mais l'idéal serait de passer des formules "fille Distilbène" ou "fils Distilbène", à "porteur du syndrome diéthylstilbestrol".

C'est plus long à dire, mais ça en dit plus long.

 

L'exposition prénatale au diéthylstilbestrol prédispose-t-elle à la dysphorie de genre ?

Définition de quelques termes

Afin de vous présenter de manière fluide les résultats de l'étude ayant motivé l'écriture de cet article, il nous faut d'abord nous arrêter quelques instants sur la définition de certains vocables indispensables à leur compréhension — les auteurs faisant de même dans leur introduction.

Nous ne prendrons pas ici l'attitude postiche qui consisterait à prétendre que nous maîtrisons l'entièreté de la terminologie des "éveillés". Nous nous appuierons donc principalement sur le DSM et Orphanet. Et un peu sur nos ressentis.

- Genre : Longtemps, le genre a été calqué sur le sexe biologique, inné, mâle ou femelle. Mais, subrepticement, ces deux notions ont été dissociées. Ainsi, aujourd'hui, le genre désigne le rôle social, qui peut être masculin ou féminin.

- Identité de genre : C'est, indépendamment de son sexe de naissance, le sentiment qu'éprouve une personne d'être homme ou femme ; ou ni pleinement homme ou femme, le genre étant désormais considéré par certains comme un spectre, à l'instar de l'autisme.

- Dysphorie de genre : Selon le DSM-510, ce terme décrit "la détresse qui peut accompagner l’incompatibilité entre le genre vécu ou exprimé et le genre assigné". C'est le sentiment de souffrance psychologique que peut éprouver une personne transgenre face à l'inadéquation entre son genre observé à la naissance et son genre ressenti.

- Transsexualisme : Dans le DSM-411, le transsexualisme était inclus dans la catégorie "Troubles de l'identité sexuelle", et définit ainsi : "Dysphorie sévère liée à l'identité sexuelle associée à un désir persistant d'avoir les caractéristiques physiques et les rôles sociaux appartenant au sexe biologique opposé."

Dans le DSM-5, la catégorie "Troubles de l'identité sexuelle" disparaît au profit d'une nouvelle catégorie nommée "Dysphorie de genre", dans laquelle le transsexualisme ne figure pas. Le terme "transexuel" est en revanche présent et définit ainsi : "Transsexuel désigne un individu qui souhaite, ou a déjà subi, une transition sociale du genre masculin vers le genre féminin ou l’inverse, ce qui implique souvent (mais pas systématiquement) des modifications physiques par des traitements hormonaux trans-sexualisants et/ou par la chirurgie génitale (chirurgie de réassignation du sexe)."

Dans la 10ème édition de la Classification internationale des maladies (CIM-10), le transsexualisme se trouvait dans la catégorie "Troubles de l'identité sexuelle", et était défini comme suit : "Il s'agit d'un désir de vivre et d'être accepté en tant que personne appartenant au sexe opposé. Ce désir s'accompagne habituellement d'un sentiment de malaise ou d'inadaptation par rapport à son sexe anatomique et du souhait de subir une intervention chirurgicale ou un traitement hormonal afin de rendre son corps aussi conforme que possible au sexe désiré."

Dans son édition la plus récente, la CIM-11, entrée en vigueur en janvier 2022, la catégorie "Troubles de l'identité sexuelle" disparait, et avec elle le diagnostic de transsexualisme. Les diagnostics sont depuis lors dans une nouvelle catégorie, nommée "Incongruence de genre". L'incongruence de genre étant définie comme "une incongruence marquée et persistante entre le sexe ressenti d'un individu et le sexe attribué".

Comme on peut le constater, le terme transsexuel est quelque peu tombé en désuétude. Ce que les personnes concernées rapportent souvent, c'est que ce terme avait un lien trop marqué avec la sexualité et l'orientation sexuelle, alors qu'il s'agit selon elles avant tout d'un changement de genre social. C'est pourquoi elles lui préfèrent le terme transgenre. Pour nous, une personne trans qui va au bout de sa démarche, c'est-à-dire jusqu'à l'opération génitale, demeure un transsexuel.

- Transgenre : C'est un terme un peu fourre-tout qui inclue notamment le transsexualisme et le changement d'identité de genre. Selon le DSM-5, une personne transgenre est une personne qui s’identifie "transitoirement ou de manière persistante avec un genre différent de son genre de naissance".

Ainsi, un homme transgenre (ou homme trans) est une femme qui se sent homme et cherche à en adopter les signes caractéristiques. Nous lui préférons le terme femme transmasculine qui est plus clair.

De la même façon, une femme transgenre (ou femme trans) est un homme qui se sent femme et effectue une transition de genre en ce sens. Nous lui préférons le terme homme transféminin.

S'il existe des comorbidités12 notamment psychiatriques (troubles de la personnalité, dépression...) et neurologiques (autisme, TDAH), le transgenrisme — contrairement à l'intersexuation — n'a pas de cause biologique clairement établie.

- L'intersexuation est un terme générique qui couvre un vaste groupe de conditions médicales congénitales. Les caractéristiques sexuelles primaires (tels le sexe chromosomique — déterminé dès la fécondation, ou l'appareil reproducteur) et/ou secondaires (tels que la pilosité ou le développement de la poitrine) d'une personne intersexe ne correspondent pas à la définition habituelle homme/femme. (À noter que le terme intersexuation a, dans le domaine médical, été abandonné au profit de Anomalie rare du développement sexuel.)

Parmi ces conditions médicales, l'on peut par exemple retrouver :

  • le Syndrome de Rokitansky (ou MRKH), caractérisé par une aplasie congénitale de l’utérus et des deux tiers supérieurs du vagin, un phénotype féminin et un caryotype 46,XX — un syndrome rare que l'on retrouve 20 fois plus fréquemment chez les femmes dont la grand-mère a reçu du diéthylstilbestrol que dans la population générale13. Selon Orphanet14, le traitement de l'aplasie vaginale consiste en la reconstitution d'un néovagin (soit par des dilatations vaginales pratiquées avec un dilatateur ou bougie, soit par des chirurgies) qui pourra permettre aux patientes d'avoir une vie sexuelle normale. Un soutien psychologique est indispensable ;
  • le déficit en 5-Alpha-réductase (l'enzyme dont nous avons parlé plus haut) de type 2, est une maladie rare qui touche uniquement les patients de caryotype  XY, c'est-à-dire génétiquement hommes. Elle est définie selon Orphanet15 comme une "Anomalie rare du développement sexuel (DSD) dû à un défaut de métabolisation de la testostérone en dihydrotestostérone, caractérisée par une masculinisation intra-utérine incomplète qui va d'un appareil génital féminin avec une poche vaginale aveugle à un phénotype entièrement masculin avec hypospadias postérieur pseudovaginal et micropénis." Il faut savoir que la dihydrotestostérone (DHT) joue un rôle clé dans la formation des organes génitaux masculins, y compris la prostate, durant la vie embryonnaire. C'est ce défaut de masculinisation du fœtus qui est à l'origine de l'ambiguïté sexuelle. La maladie est causée par des mutations du gène SRD5A2, qui fournit des instructions pour la production de l'enzyme 5-alpha réductase ;

Les revendications classiques des personnes dites intersexes sont : pas de chirurgie et de traitements hormonaux sans nécessité médicale et sans le consentement libre et éclairé des personnes concernées16. Certaines estiment être bien trop souvent victimes de maltraitance médicale ; d'autres encore dénoncent des mutilations génitales. Pour en savoir plus, nous vous invitons à visionner le témoignage de Mö, intitulé "Intersexuation : histoire de la violence", présent dans l'épisode 5 de la Saison 2 de Océan, une websérie documentaire autobiographique en trois saisons du comédien transgenre Océan17.

S'il faut reconnaître que des chirurgies non consenties sont effectuées sur des enfants afin de "normaliser" leurs organes génitaux, certaines opérations sont, en revanche, présentées comme médicalement nécessaires pour éviter d’éventuels problèmes de santé, tels que des infections urinaires ou le développement d'un cancer.

- Transition de genre : C'est le processus de changements, social, administratif et médical, qu'effectue une personne transgenre pour passer du genre que la nature lui a imposé au genre désiré.

- Thérapie hormonale d'affirmation de genre : Elle consiste en la prise de traitements hormonaux synthétiques et/ou naturels et/ou bio-identiques, dans le but de développer les caractères sexuels secondaires du sexe opposé ; on parle aussi d'hormones sexuelles croisées.

- Chirurgie de réassignation sexuelle, ou de réattribution sexuelle : c'est ce que l'on nommait avant "opération de changement de sexe". Il s'agit d'un remodelage des organes génitaux externes. Peut s'ajouter à cela d'autres opérations, telle qu'une opération de féminisation faciale pour les hommes transféminins ou une mammectomie pour les femmes transmasculines.

- Néovagin : C'est un vagin construit ou reconstruit chirurgicalement (vaginoplastie), dans certaines situations de variation du développement sexuel tel que le syndrome MRKH dont nous avons parlé plus tôt, mais aussi, par exemple, dans le contexte d'une opération de changement de sexe au cours d'une transition de genre homme vers femme.

- Cisgenre : une personne cisgenre est une personne qui se sent en adéquation avec son genre de naissance. Ce néologisme, construit par opposition au terme transgenre, nous permet d'éviter l'écueil qui consisterait à prononcer l'obscurantiste mot "normal". La notion de norme tendant, de toute façon, à devenir has been.

 

Exposition au diéthylstilbestrol et orientation sexuelle

Une étude précédente de Troisi et Al.18, assez récente puisque datant de 2020, avait déjà analysé le lien entre exposition prénatale au diéthylstilbestrol (DES) et orientation sexuelle. C'est également la première fois que les participants d'une telle étude étaient questionnés au sujet de leur identité de genre.

Il en ressortait que les femmes exposées au DES avant la naissance étaient moins susceptibles d’avoir une orientation sexuelle lesbienne ou bisexuelle. En revanche, les hommes exposés au DES étaient un peu plus susceptibles d'être homosexuels ou bisexuels, les estimations demeurant imprécises en raison de la taille de la cohorte (plus petite que celles des femmes).

Les auteurs indiquent que leurs résultats, concernant la relation entre l’exposition prénatale au DES et l’identité d’orientation sexuelle chez les femmes et les hommes, sont cohérents avec le fait que le DES n’agit pas comme un agent masculinisant. On s'en doutait un peu dans la mesure où le principe même d'un oestrogène, fût-il de synthèse, est d'être féminisant. 

Le nombre de participants déclarant une identité de genre différente de celle observée à la naissance était trop faible pour être analysé statistiquement. En effet, sur 3 306 femmes et 1 848 hommes participants à l'étude, seules deux femmes, toutes deux exposées au DES, et trois hommes (deux exposés et un non-exposé) ont déclaré une identité de genre qui ne correspondait pas au sexe qui avait été constaté à la naissance.

 

Des cas de "transgenrisme homme vers femme" après exposition prénatale au diéthylstilbestrol (DES)

Quelques mots, tout d'abord, sur les auteurs

L'article que nous présentons aujourd'hui s'intitule "Identité transgenre féminine précoce après exposition prénatale au diéthylstilbestrol : Rapport d'une cohorte nationale française de diéthylstilbestrol (DES)"19, et traite de cas de "transgenrisme" faisant suite à une exposition prénatale au diéthylstilbestrol. Il est le fruit de la collaboration entre des membres de l'équipe de l'Unité d’Endocrinologie-Gynécologie Pédiatrique du CHU Montpellier, Marie-Odile Soyer-Gobillard, scientifique en biologie cellulaire et moléculaire et présidente de Hhorages-France, et Scott Kerlin, chercheur indépendant et fondateur du DES Sons International Network.

Hhorages-France (Halte aux HORmones Artificielles pour les GrossessES) est une association française fondée en 2002 qui a pour but « d’établir la relation de cause à effet entre la prise d’hormones sexuelles de synthèse lors des grossesses et tous les troubles générés, à plus ou moins long terme, chez les enfants issus de ces grossesses » en mettant « l'accent en particulier sur les troubles psychiques : dépressions récurrentes, anorexie, boulimie, maniaco-dépressions, schizophrénies associés ou non à des dysfonctionnements et/ou malformations »20.

Elle est actuellement présidée par Marie-Odile Soyer-Gobillard, chercheuse et mère de famille concernée par le DES et d'autres hormones synthétiques, qui, avec l'équipe du CHU de Montpellier, avait déjà présenté un travail préliminaire sur des cas de dysphorie de genre faisant suite à une exposition au DES à l'occasion du Colloque de Gynécologie et Obstétrique Pratiques de Paris en 2016.

Pour connaître plus en profondeur le travail d'Hhorages-France, nous vous invitons à lire le livre-témoignage publié par l'association, intitulé Une résilience ou les trois Marie-Odile, auquel nous avons consacré un article.

Scott Kerlin est un fils DES*. Il a fondé le DES Sons International Network (Réseau International des fils DES) en 1999, puis a commencé ses recherches sur les conséquences du DES chez les hommes exposés, pas seulement aux États-Unis, mais dans de nombreux pays.

En 2005, le Dr Kerlin a présenté, avec ses collègues Dr Dana Beyer et Milton Diamond, à l’International Behavioural Development Symposium (symposium international sur le développement comportemental), un article inédit décrivant l’impact du DES sur les variations intersexuelles et de genre chez les êtres humains.

En avril 2023, le Dr Kerlin et Karen Chouinard Fernandes — fille DES et présidente de DES INFO, une association amie — ont décidé d'unir leurs forces dans le but d'élargir le champ d'investigation des conséquences de l'exposition au diéthylstilbestrol. Ensemble, ils ont créé un groupe Facebook intitulé DES Research and Support Group of Dr. Scott Kerlin, dont les objectifs sont d'apporter du soutien aux victimes et de partager les recherches les plus récentes sur le DES : https://www.facebook.com/groups/227933949841546 ainsi qu'une page Web regorgeant d'informations intitulée DES International Information and Research Network et accessible à l'adresse suivante : https://grad-mentor.com/des-research.

* Contrairement aux antonomases "fils Distilbène", "enfants Distilbène", etc, qui incluent un nom de marque française, les formulations "grossesse DES", "fille DES", petits-enfants DES" et "fils DES" sont parfaitement admises et répandues dans le monde, dans les articles scientifiques comme dans le langage courant.

 

L'étude en détail

Cette étude* est basée sur la cohorte rétrospective nationale de l'association de patients Hhorages-France. Les auteurs y décrivent les cas de quatre hommes identifiés comme des femmes transgenres parmi 253 hommes exposés in utero au diéthylstilbestrol (DES) et, pour l'un des cas, exposé dans le même temps à de la progestérone**.

* Si le DES est tristement connu pour ses effets transgénérationnels, il est ici uniquement question de la seconde génération d'hommes exposés, soit les "fils DES".

** Il s'agit à priori de progestérone de synthèse, qu'il ne faut pas confondre avec l'hormone naturellement produite par l’organisme. La progestérone synthétique peut notamment être à l’origine de méningiomes chez les femmes qui en consomment.

Certains de ces patients présentaient une cryptorchidie unilatérale (2 cas), tandis que d'autres ne présentaient aucune malformation de la sphère uro-génitale (2 cas, dont 1 qui présentait un spina bifida et de l'énurésie jusqu'à l'âge de 16 ans).

Les anomalies de la différenciation sexuelle telles que l'hypospadias, la cryptorchidie, ou encore le micropénis, sont des malformations urogénitales que l'on retrouve fréquemment à la fois chez les hommes exposés in utero au diéthylstilbestrol (2nd génération de patients) et chez les hommes dont la grand-mère s'est vue administrer la molécule (3ème génération de patients).

 

Certains encore ont souffert concomitamment de troubles psychiatriques (3 cas), telles qu'idées suicidaires, automutilation (organes génitaux externes) et dépression. À moins, et c'est ici notre avis, que ces troubles soient simplement les symptômes de la dysphorie de genre dont souffrent ces hommes — dysphorie qui est elle-même un trouble psychiatrique, que nous avons défini plus haut.

Les effets psychiatriques du DES chez la seconde génération de patients (exposés dans l'utérus maternel) sont maintenant connus et bien documentés : schizophrénie, trouble du comportement alimentaire (TCA), trouble bipolaire, dépression grave, parfois jusqu'au suicide…

Trois des patients ont effectué une "chirurgie de réassignation sexuelle" (opération de changement de sexe) et bénéficient actuellement d'une "thérapie hormonale d'affirmation de genre". Un des patients en transition de genre prend de l'estradiol, mais n'a pas subi d'opération des organes génitaux.

 

Diéthylstilbestrol et épigénétique

Tous les fils DES, présentés dans cette publication, s'identifiant comme des femmes transgenres (ou hommes transféminins) ont subi une étude du caryotype au moment de leur transition de genre ; cet examen n'a révélé aucune anomalie. Et cela n'a rien d'étonnant. Diagnostiquer les patients aurait été plus aisé si le diéthylstilbestrol avait été lié à une aberration chromosomique telle qu'une trisomie des chromosomes sexuels, mais ce n’est pas le cas : il existe uniquement des altérations épigénétiques associées à l'exposition prénatale au diéthylstilbestrol, c’est-à-dire des modifications dans l’expression des gènes.

 

Chez les deux sexes, on retrouve une anomalie de la différenciation sexuelle (ambiguïté sexuelle, pseudohermaphrodisme, dérèglements de la sécrétion de la testostérone, hypersécrétion d’androgènes…), et cela même si l’on ne trouve pas de détérioration des gènes ou des chromosomes. C’est ce qu’on appelle l’« épigénétique » : l’environnement du gène empêche son expression sans modifier son code.

Corinne Lalo, à propos du DES dans Le grand désordre hormonal.

 

Une publication de 201721, de Rivollier et Al., intitulée "Changements méthylomiques chez les individus atteints de psychose, exposés de manière prénatale à des composés perturbateurs endocriniens : leçons tirées du diéthylstilbestrol." a d'ailleurs mis en évidence des modifications de méthylation différentielles sur l’ADN de deux gènes majeurs chez des patients psychotiques exposés in utero au DES : le gène ADAM TS9 et le gène ZFP 57. La méthylation est une modification chimique pouvant se situer à différents endroits de la séquence d’ADN. Cette modulation est dite épigénétique et peut être transmise par mitoses aux générations suivantes. La mitose correspond à la division de la cellule au cours de laquelle chaque chromosome se dédouble.

 

Modifications de méthylation différentielles sur l’ADN de deux gènes majeurs chez des patients psychotiques exposés in utero au DES : le gène ADAM TS9 et le gène ZFP 57. Cette modulation est dite épigénétique et peut être transmise par mitoses aux générations suivantes.
Événements importants en mitose

 

Le gène ADAM TS9 est impliqué dans le contrôle de la forme des organes sexuels pendant le développement, donc de la différenciation sexuelle. Il joue aussi un rôle dans l’apparition de certains cancers et dans le contrôle du développement du système nerveux central.

Le gène ZFP 57 est, quant à lui, impliqué dans le neurodéveloppement, c'est-à-dire la mise en place du système nerveux au cours du développement embryonnaire, ainsi que la neuroplasticité, un ensemble de processus permettant aux neurones de se modifier et se remodeler tout au long de la vie.

 

Résultat de l'étude et discussion

La prévalence d'hommes transféminins rapportée par les auteurs de l’étude (1,58 %) est 10 à 100 fois supérieure à la prévalence la plus élevée rapportée dans la littérature scientifique (1/17 000). Également, aucun des fils aînés des mêmes familles informatives non exposés au diéthylstilbestrol (DES) ne présentait une identité transgenre féminine. En clair, les hommes (mâles biologiques, XY) effectuant une transition de genre femme y sont beaucoup plus nombreux que dans la population générale, ce qui suggère que le DES joue un rôle dans l'occurrence du transgenrisme homme vers femme. Par ailleurs, les auteurs ajoutent que ce taux est vraisemblablement sous-estimé dans la mesure où aucune enquête épidémiologique n'a été menée sur ce sujet.

Les auteurs précisent que la prévalence du transgenrisme est plus élevée parmi les individus porteurs d'une anomalie rare du développement sexuel (DSD) que dans la population générale22, ce qui n'est pas le cas des quatre patients DES qu'ils présentent, chez qui aucun DSD n'a été diagnostiqué. En effet, si deux des patients présentaient une cryptorchidie unilatérale, cette dernière ne peut, selon les auteurs, à elle seule être considérée comme une expression clinique d'un DSD.

Selon nous, si l'on retrouve beaucoup plus de cas de dysphorie de genre chez les individus porteurs d'une DSD (intersexuation), c'est possiblement parce que beaucoup de médecins ont pris l'initiative de décider, face à l'ambiguïté génitale, chromosomique ou biologique, que présentaient alors leurs patients, à leur place et un peu vite, de quel sexe/genre ils étaient, procédant à des opérations chirurgicales et des prescriptions d'hormones inadaptées. Ainsi, arrivées en âge de se questionner sur leur identité, ces personnes DSD, mal traitées, en un ou plusieurs mots, c'est selon, ce seraient alors rendu compte de la supercherie et auraient choisis de transitionner vers leur genre initial, nié.

 

Les auteurs expliquent ensuite que, chez les individus de sexe masculin (XY), l'identité de genre et l'orientation sexuelle sont déterminés par l'action prénatale des androgènes. Une anomalie de production ou d'action des androgènes pendant la vie fœtale peut donc perturber le processus de différenciation sexuelle masculine du cerveau. Ainsi, ils nous alertent sur le fait que "l'exposition fœtale à tout produit chimique pouvant réduire la production ou l'action des androgènes doit être considérée comme un facteur de risque transgenre", et ajoutent que Renish et al., dans une précédente étude, rapportaient que "les patients masculins exposés in utero au DES semblaient être féminisés".

Les auteurs nous semblent ici inutilement précautionneux. Il faut bien comprendre que les éleveurs donnaient déjà du DES à leurs coquelets pour les castrer chimiquement dans les années 40. Dans les années 50, l'Etat britannique l'administrait aux homosexuels pour les rendre asexués ; c'est le cas du héros de la guerre Alan Turing23, qui deviendra impuissant et développera une gynécomastie. On le sait féminisant depuis toujours.

Ces hommes, exposés dans l'utérus maternel au DES, sont tombés dans la marmite de potion magique concoctée par des apprentis sorciers, et distribuée par d'autres, plus confirmés.

Pour en connaître la recette, nous vous invitons à lire notre page Chronologie du DES.

Le DES, ce composé oestrogénique, possède également une activité anti-androgénique avérée qui se traduit, lors de l'exposition, par une régulation négative significative des gènes sensibles aux androgènes. Egalement, le DES peut stimuler la production de la protéine de transport des hormones sexuelles, la SHBG (pour Sex Hormone-Binding Globulin) et, selon les auteurs, réduire la capacité des androgènes à pénétrer dans la cellule : "En réduisant la production d'androgènes, leur bioactivité et leur action dans les cellules cibles, le DES doit être considéré comme une substance anti-androgène qui peut altérer la différenciation sexuelle masculine du cerveau et/ou la différenciation sexuelle des organes génitaux internes/externes.".

 

D'après une étude de Tournaire et Al. citée dans cet article, l'exposition fœtale précoce semble plus importante que les doses de médicament — inférieures à celles ordonnées aux USA — dans l'apparition du carcinome à cellules claires chez les filles DES. Ce ne serait donc pas tant la quantité de médicament que le moment où il a été administré — en l'occurrence, le premier trimestre de grossesse — qui déclencherait ici la maladie, contredisant la formule célèbre de l'alchimiste Paracelse "Tout est poison, rien n'est poison c'est la dose qui fait le poison". Les auteurs pensent que cette hypothèse est également valable pour les fils DES de leur étude.

Cette histoire de dose-poison est en réalité un peu plus complexe, et Corinne Lalo l'explique très bien dans son livre Le grand désordre hormonal — auquel nous avons consacré un article, et que nous vous recommandons fortement. La toxicité et les effets du poison sont variables en fonction de la quantité de poison administrée, mais une faible quantité ne garantit aucunement de faibles effets. Reprenons l'utilisation du DES dans le cadre du cancer de la prostate : il est ici question de fortes doses, le but étant de saturer les récepteurs aux oestrogènes (ER), alors utilisés comme cibles thérapeutiques. De faibles doses de DES auraient un effet tout autre, et viendraient par exemple augmenter le volume de la prostate24. Dans cet exemple, de faibles doses s'avèrent bien plus toxiques que de fortes doses.

Le Pr Marianthi-Anna Kioumourtzoglou (ingénieure en environnement et épidémiologiste), lors de la conférence Beyond Genes de 2020 sur les effets héritables du diéthylstilbestrol (DES), avait présenté les résultats de sa plus récente étude, alors intitulée "Association entre l'exposition au diéthylstilbestrol pendant la grossesse et les déficits neurodéveloppementaux multigénérationnels"25. Il en ressortait que les enfants dont la grand-mère a pris du DES pendant la grossesse sont 36 % fois plus susceptibles d’être porteur d’un TDAH, et ces résultats ne diffèrent pas selon leur sexe. Aussi, lorsque l’on regarde à quel trimestre de grossesse le DES a été pris, l’on constate que si c'est au cours du premier trimestre de grossesse, le risque pour les petits-enfants DES est encore plus important puisqu’il passe à 63 %.

Ainsi, le premier trimestre de grossesse est bien une fenêtre critique de vulnérabilité à l’exposition au DES. L'hypothèse avancée par le Pr Marianthi-Anna Kioumourtzoglou est que le début de la gestation est une période particulièrement sensible aux influences maternelles, entraînant une reprogrammation des cellules embryonnaires et germinales.

 

Le diéthylstilbestrol, un puissant perturbateur endocrinien

Les résultats de l'étude que nous avons présentée aujourd'hui, posent la question de l’influence des perturbateurs endocriniens et de leur impact sur l'apparition de la dysphorie de genre.

Le diéthylstilbestrol (DES) est, en effet, un puissant perturbateur endocrinien (ou EDC, pour Endocrine Disruptor Chimical, en anglais).

L’US EPA (Agence américaine de protection de l'environnement) définit un EDC comme un « agent exogène qui interfère avec la synthèse, la sécrétion, le transport, le métabolisme, l’action de liaison ou l’élimination des hormones naturelles véhiculées par le sang qui sont présentes dans le corps et sont responsables de l’homéostasie, de la reproduction et du processus de développement ».

Bien que les mécanismes d’action du DES ne soient pas encore parfaitement élucidés, l'on peut clairement affirmer qu'il participe de l'apparition des dysphories de genre chez les patients hommes exposés in utero.

Dans la mesure où tous les perturbateurs endocriniens altèrent le fonctionnement du système hormonal, et que les hormones, nous venons de le voir, sont impliquées dans le processus de différenciation sexuelle, on peut s'interroger sur leur rôle dans la forte prévalence actuelle de dysphories de genre, concernant cette fois plutôt les femmes26.

Nous alertons enfin sur le fait que toutes les "thérapies hormonales d'affirmation de genre", consistent en la prise d'hormones sexuelles, qui, comme la pilule contraceptive, vont se retrouver dans les eaux usées, puis (par sûrs que votre filtre en charbon actif suffise) dans l'eau du robinet, et la boucle est bouclée...

Le fait que les perturbateurs endocriniens puissent être impliqués dans l'étiologie de la dysphorie de genre, n'exclue bien évidemment pas d'autres causes, telles que la contagion sociale, une forme de dépersonnalisation, de trouble identitaire, le tout couplé à un manque d'ancrage… les causes sont même très certainement multifactorielles.

 

Nous sommes complètement indépendants, nous ne recevons aucune subvention d'aucune sorte, et l'adhésion à notre association étant gratuite, nous ne vivons que de la générosité de nos sympathisants. Aussi, si vous souhaitez nous aider à exister, à mener nos missions à bien avec cette liberté de ton et d'action qui nous caractérisent, vous pouvez nous faire un don depuis la page soutenez-nous. Merci !

 

Notes et références

  1. Une monumentale erreur médicale : les enfants du Distilbène, 16 février 1983, Claudine Escoffier-Lambiotte, Le Monde.
  2. Le Distilbène, l'hormone par qui le scandale arrive, L'Express n°1651 du 25 février 1983.
  3. DIECKMANN WJ, DAVIS ME, RYNKIEWICZ LM, POTTINGER RE. Does the administration of diethylstilbestrol during pregnancy have therapeutic value? Am J Obstet Gynecol. 1953 Nov;66(5):1062-81. doi: 10.1016/s0002-9378(16)38617-3. PMID: 13104505.
  4. [En ligne] www.nouvelobs.com/societe/20150217.OBS2725/marie-pierre-j-ai-longtemps-ete-blamee-humiliee.html L'Obs, par Nathalie Bensahel. Marie-Pierre : "J'ai longtemps été blâmée, humiliée". 2015. Consulté le 15/07/2024
  5. Herbst AL, Scully RE. Adenocarcinoma of the vagina in adolescence. A report of 7 cases including 6 clear-cell carcinomas (so-called mesonephromas). Cancer. 1970 Apr;25(4):745-57. doi: 10.1002/1097-0142(197004)25:4<745::aid-cncr2820250402>3.0.co;2-2. PMID: 5443099.
  6. Herbst AL, Ulfelder H, Poskanzer DC. Adenocarcinoma of the vagina. Association of maternal stilbestrol therapy with tumor appearance in young women. N Engl J Med. 1971 Apr 15;284(15):878-81. doi: 10.1056/NEJM197104222841604. PMID: 5549830.
  7. [En ligne] Haute Autorité de Santé. DISTILBENE (diéthylstilbestrol), hormones AVIS SUR LES MÉDICAMENTS. Mis en ligne le 13 mai 2016. Consulté le 24/06/2024
  8. Vidal. (2018). Vidal : Le dictionnaire.
  9. Dans le domaine scientifique, la seconde génération de patients est désignée par F1 pour first filial generation, et la troisième génération par F2 pour second filial generation.
  10. American Psychiatric Association, DSM-5® – Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Elsevier Masson, 2015
  11. Association, A. P. (2004). DSM-IV-TR : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Elsevier Masson.
  12. Justine Fradelizi. Comorbidités dans la population transgenre et défauts de soins : une revue de la littérature. Médecine humaine et pathologie. 2020. ffdumas-03464326f
  13. Wautier A, Tournaire M, Devouche E, Epelboin S, Pouly JL, Levadou A. Genital tract and reproductive characteristics in daughters of women and men prenatally exposed to diethylstilbestrol (DES). Therapie. 2020 Sep-Oct;75(5):439-448. doi: 10.1016/j.therap.2019.10.004. Epub 2019 Nov 1. PMID: 31806244.8
  14. [En ligne] https://www.orpha.net/fr/disease/detail/3109 Orphanet : Syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser, consulté le 10/08/2024
  15. [En ligne] https://www.orpha.net/fr/disease/detail/753 Orphanet : Différence du développement sexuel 46,XY par déficit en 5-alpha-réductase de type 2, consulté le 10/08/2024
  16. [En ligne] https://www.youtube.com/watch?v=8CIVJ9fybXE La Carologie - DANS LA TÊTE D'AUDREY : Je suis INTERSEXE, consulté le 09/07/2024
  17. [En ligne] https://www.youtube.com/watch?v=391-HM3lcmU francetv slash / causes - Mö, maltraité·e par le corps médical - Océan S2, consulté le 01/07/2024
  18. Troisi R, Palmer JR, Hatch EE, Strohsnitter WC, Huo D, Hyer M, Fredriksen-Goldsen KI, Hoover R, Titus L. Gender Identity and Sexual Orientation Identity in Women and Men Prenatally Exposed to Diethylstilbestrol. Arch Sex Behav. 2020 Feb;49(2):447-454. doi: 10.1007/s10508-020-01637-7. Epub 2020 Jan 23. PMID: 31975033; PMCID: PMC7031187.
  19. Gaspari, L.; Soyer-Gobillard, M.-O.; Kerlin, S.; Paris, F.; Sultan, C. Early Female Transgender Identity after Prenatal Exposure to Diethylstilbestrol: Report from a French National Diethylstilbestrol (DES) Cohort. J. Xenobiot. 2024, 14, 166-175. https://doi.org/10.3390/jox14010010
  20. [En ligne] Site Web de l'association : https://hhorages.com/
  21. Rivollier F, Chaumette B, Bendjemaa N, Chayet M, Millet B, Jaafari N, Barhdadi A, Lemieux Perreault LP, Provost S, Dubé MP, Gaillard R, Krebs MO, Kebir O. Methylomic changes in individuals with psychosis, prenatally exposed to endocrine disrupting compounds: Lessons from diethylstilbestrol. PLoS One. 2017 Apr 13;12(4):e0174783. doi: 10.1371/journal.pone.0174783. ECollection 2017.
  22. Kreukels BPC, Köhler B, Nordenström A, Roehle R, Thyen U, Bouvattier C, de Vries ALC, Cohen-Kettenis PT; dsd-LIFE group. Gender Dysphoria and Gender Change in Disorders of Sex Development/Intersex Conditions: Results From the dsd-LIFE Study. J Sex Med. 2018 May;15(5):777-785. doi: 10.1016/j.jsxm.2018.02.021. Epub 2018 Mar 30. PMID: 29606626.
  23. [En ligne] https://diethylstilbestrol.co.uk/chemical-castration-alternative-prison/ Journal of a DES Daughter - Chemical castration with DES as an alternative to prison - 20/02/2019, consulté le 25/08/2024
  24. [En ligne] https://if-ri.com/actualites/hypertrophie-benigne-prostate/ Tout savoir sur l’hypertrophie bénigne de prostate, consulté le 21/08/2024
  25. Kioumourtzoglou MA, Coull BA, O'Reilly ÉJ, Ascherio A, Weisskopf MG. Association of Exposure to Diethylstilbestrol During Pregnancy With Multigenerational Neurodevelopmental Deficits. JAMA Pediatr. 2018 Jul 1;172(7):670-677. doi: 10.1001/jamapediatrics.2018.0727. PMID: 29799929; PMCID: PMC6137513.
  26.  [En ligne] https://blogs.mediapart.fr/claire-vandendriessche/blog/021022/pourquoi-y-t-il-de-plus-en-plus-de-transitions-masculinisantes-chez-les-jeunes Claire Vandendriessche, Pourquoi y a-t-il de plus en plus de transitions masculinisantes chez les jeunes ?, consulté le 26/08/24

0 commentaire(s) Commentaires

Aucun commentaire n'a encore été publié.